Amateurs de moteurs bruyants, attention ! Un premier radar anti-bruit, surnommé Méduse, est en expérimentation dans les Yvelines (78), à Saint Forget. Pour les riverains de routes passantes, c’est une excellente nouvelle !
Cette nouvelle soulève deux questions :
– à partir de quel niveau de bruit risque-t-on d’être flashé ?
– comment le radar peut-il localiser le véhicule en infraction ?
À partir de quel niveau de bruit risque-t-on d’être flashé ?
La réglementation concernant le niveau sonore maximal admissible pour un véhicule automobile n’est pas toute neuve, puisqu’elle a pour point de départ une directive européenne datant du 6 février 1990 !… Et concerne tout véhicule capable de dépasse 25km/h sur route. Le texte en vigueur actuellement en France est l’arrêté du 13 avril 1972 relatif au bruit des véhicules automobiles (modifié par l’arrêté du 22 novembre 1993). Je vous invite à cliquer sur le lien pour le détail des limitations de bruit au cas par cas. On retiendra ici les cas suivants :
– voitures particulières : 74 dBA
– utilitaire de moins de 2 tonnes : 76dBA
– utilitaire de moins entre 2 et 3,5 tonnes : 77dBA
– utilitaire de plus de 3,5 T : de 77dBA à 80 dBA (selon la puissance du moteur)
– Cyclomoteurs : 72 dBA
– Motos de moins de 80cm3 : 75dBA
– Motos entre 80cm3 et 175cm3 : 79dBA
– Motos de plus de 175cm3 : 80dBA
Une tolérance de 6dBA est tout de même admissible (qui descend à 4dBAau point fixe)… Ce à quoi s’ajoute encore l’incertitude réglementaire à la mesure. Attention toutefois à ne pas s’appuyer sur cette dernière, car elle s’applique dans les deux sens (si vous mesurez le bruit de votre moteur avec un appareil non homologué, non calibré, et dans des conditions non conformes aux normes, il est fort possible que vous sous-estimiez gravement son niveau de bruit et que vous ayez de mauvaises surprises en cas de contrôle !). Attention encore : l’unité employée ici est le dB A, et non le dB SPL (qui correspond généralement à la mesure de bruit brute, qu’on écrit souvent simplement dB). C’est à dire qu’on y applique une pondération pour correspondre à la sensibilité de l’oreille humaine.
En outre, le même arrêté, dans son article 10, précise qu’il est interdit d’utiliser le moteur à des régimes excessifs.
Ces niveaux sonores sont mesurés lors du contrôle technique. Ainsi, dans des conditions normales d’utilisation, si votre véhicule a passé le contrôle, il n’y a pas de raisons qu’il se fasse flasher. Attention toutefois : le contrôle est réalisé (entre autre) pour une accélération normale à un régime moteur adapté. L’homologation ne signifie donc pas que ce véhicule ne puisse pas dépasser les niveaux sonores maximums autorisés ! Évitez donc de rouler pied au plancher en sur-régime !
En cours d’expérimentation, le radar aurait ainsi déjà enregistré des pointes à 120-130 km/h… Et il était installé en centre ville ! Précision au passage : il a vocation à être embarqué, par la suite.
Et inutile de se le cacher : ce sont bien les motards les premiers concernés ! Ce premier radar a d’ailleurs été installé dans une zone très prisée des 2 roues, dont se plaignaient beaucoup les riverains.
Comment le radar peut-il localiser un véhicule en infraction ?
Le radar ne consiste pas en un simple microphone couplé à une caméra. Cela permettrait effectivement de constater un dépassement du niveau de bruit, mais pas d’en identifier l’auteur (s’il y a plusieurs véhicules, impossible de dire lequel fait le plus de bruit… Et même s’il n’y en a qu’un à l’image, on ne peut pas garantir que la source de bruit ne soit pas extérieure !).
En fait, ce radar est une caméra acoustique, et ne s’appelle pas Méduse pour rien.
Une caméra acoustique, qu’est-ce que c’est ? Avant tout, c’est une antenne microphonique, c’est à dire un assemblage de plusieurs microphones couplés les uns aux autres. Une caméra complète le dispositif. Les différents microphones (au nombre de 4, orientés selon autant d’axes différents) vont permettre de cartographier la zone considérée.
La vitesse de propagation dans l’air, très largement inférieure à celle de la lumière, fait que le signal sonore n’arrivera pas en même temps à chaque microphone (ni exactement à la même intensité, l’énergie se dissipant avec la distance), et on observera donc un décalage d’un récepteur à l’autre. Les différences ainsi captées permettent une triangulation (ou quadrature, puisqu’on a 4 micro), et donc une localisation de la (des) source (s) du bruit enregistré. Cette cartographie sonore est superposée à l’image filmée par la caméra, permettant ainsi la localisation et l’identification des sources de bruit. Si le radar Méduse utilise 4 microphones, certaines antennes peuvent en comprendre plusieurs dizaines, elles sont par exemple utilisées en laboratoire d’essai dans les secteurs de l’automobile ou de l’avionique.