Voilà quelques décennies que les bureaux en espace ouvert (qu’on connaît parfois mieux sous le nom d’open-spaces) s’installent de plus en plus largement dans les entreprises européennes.
Leur présence est généralement justifiée par un objectif de facilitation de la communication… D’un point de vue plus pragmatique, il faut bien reconnaître que l’unique réel objectif est souvent le gain d’espace et par conséquent la réduction des coûts.
Et donc, après quelques années d’expérience, peut-on dire que ces objectifs soient atteints ?
Dans une grande partie des cas : non. Et c’est un non généralisé à l’ensemble de ces objectifs, et même au delà ! La grande raison de cet échec n’est autre que le fait que l’on néglige trop souvent l’acoustique des open-spaces (en revanche, dans les cas où les problématiques sonores sont bien prises en compte, le bilan est nettement plus positif).
Un open-space, c’est trop souvent un lieu bruyant… Et malheureusement, cela ne se paye pas uniquement en termes de confort ! Le bruit en entreprise a un coût humain et financier bien réel, et il est pharaonique !
Un bureau bruyant nuit à la concentration et fatigue ceux qui y travaillent :
- On estime qu’une personne travaillant en espace ouvert est interrompue toutes les 11minutes en moyenne… Sachant qu’on estime à 25 minutes le temps nécessaire pour retrouver une concentration optimale !
- Au delà de 40dBA de bruit ambiant, on estime que les capacités de concentration et d’apprentissage sont considérablement dégradées. L’impact sur les performances pour un travail intellectuel est évidemment catastrophique.
- Une mauvaise acoustique, c’est une intelligibilité dégradée. On passe à côté de l’objectif revendiqué de faciliter la communication !
- Le bruit fatigue et stresse les travailleurs, ce qui a des conséquences néfastes en terme de satisfaction au travail, et même sur la santé physique et mentale (troubles du sommeil, irritabilité, maux de tête, difficultés à supporter le moindre bruit une fois le lieu de travail quitté… Et n’oublions pas les conséquences physiques désastreuses d’un stress entretenu sur le long terme : risques cardio-vasculaires, diabète, surpoids…).
Les conséquences sont une diminution de la disponibilité des travailleurs (un comble quand on vente le côté « convivial » des open-spaces), ainsi que de leurs performances… Et une augmentation alarmante de l’absentéisme et du turn-over, et des dépenses de santé considérables.
On estime ainsi à 57,2 milliards d’euros le coût global du bruit en France (2,7% du PIB, ce qui équivaut plus ou moins au budget de l’éducation nationale !), dont 18 milliards liés directement au bruit dans les bureaux !
Face à cela deux dispositions ont actuellement le vent en poupe :
- Le masquage sonore (que l’on vend trompeusement comme une « bulle sonore » ou de la « réduction active » du bruit). Il s’agît ici d’ajouter du bruit au bruit. On génère un son « neutre » couvrant une large bande de fréquence, que le cerveau peut assimiler à un bruit de fond et dans lequel vont se noyer les bruits de conversation. Au final, certes, les conversations parasites sont moins intelligibles et donc potentiellement moins gênantes, mais ça se paye par un accroissement significatifdu niveau de bruit de fond. On soigne un mal pour en aggraver un autre. Une récente étude de l’INRS, que vous pourrez télécharger ici, démonte complètement ce procédé. Bref, à éviter.
- La généralisation des locaux d’isolement fermés. Là, oui, ça marche bien… Mais si dans chaque open-space il faut prévoir plusieurs locaux fermés pour se concentrer et que les employés font la queue pour s’y réfugier, c’est bien qu’il y a un souci à la base.
Faut-il dès lors mettre à la poubelle le modèle de l’open-space ? Non, car ses qualités sont malgré tout bien réelles, et ses défauts ne sont pas une fatalité (bien qu’on reste évidemment en deçà du niveau de confidentialité et de tranquillité que peut permettre un bureau individuel). Ces espaces doivent absolument intégrer la problématique du confort acoustique dans leur conception et/ou leur aménagement. On peut faire beaucoup mieux que ce que l’on voit trop souvent !
Une norme récente encadre d’ailleurs directement les problèmes de gêne acoustique dans les espaces ouverts : la NF-S31 199 de mars 2016. Cette norme a d’ailleurs le mérite de considérer différents types et usages de bureaux en espace ouvert, selon le degré de collaboration de leurs occupants, d’importance des conversations téléphonique ou de réception du public. Elle définit pour chaque type d’espaces des objectifs en termes d’intelligibilité et de discrétion, qui se traduisent par le ciblage ou l’exigence de valeurs limites de temps de réverbération ou d’atténuation du son.
Ainsi tout open-space devrait faire l’objet d’une étude acoustique sérieuse, et Metamorphone se tient à votre disposition pour vous accompagner dans ces projets.