… C’est en tout cas ce que beaucoup disent ! Est-ce vrai ? Tout dépend de l’angle sous lequel on aborde la question.
– Du point de vue physique :
Non, des arbres ne protègent absolument pas du bruit ! Les troncs sont un obstacle trop facilement contourné, et les feuilles n’en sont quant à elles pas un du tout ! Pire, en réalité, les arbres tendent même à rajouter du bruit au bruit, du fait du bruissement des feuilles, du sifflement du vent dans les branches et du chant des oiseaux qui s’y perchent.
Ainsi, prenons l’exemple d’une route très passante. Si l’on fait une mesure sonométrique à ses abords avant et après qu’on y plante une rangée d’arbres, non seulement le niveau sonore n’aura pas baissé, mais en plus il se sera enrichi !
– Du point de vue psycho-acoustique :
Oui, une rangée d’arbres, ça peut être efficace ! Tout d’abord, ça masque au regard la source de bruit et ça rend le paysage agréable. Mine de rien, pour le cerveau, ça compte ! Le bruit est certes toujours là, mais visuellement associé à quelque chose de sympathique, et est donc perçu comme moins invasif (cela dit, on parle là d’un phénomène purement psychologique dont les effets sont très variables d’une personne à l’autre. Ça ne marchera pas aussi bien chez tout le monde !).
Par ailleurs, le bruissement des feuilles est interprété par le cerveau comme un bruit de fond… Et comme il s’agît en outre d’un bruit assimilable à un bruit blanc (contenant toutes les fréquences du spectre), tout autre bruit de niveau sonore inférieur ou égal aura tendance à s’y noyer et sera donc considéré par le cerveau comme faisant également partie du bruit de fond… Et sera donc facilement ignoré.
Le chant des oiseaux, quant à lui, est perçu par la majorité des gens comme un bruit naturel, agréable et non invasif (même si tout le monde n’y est pas tolérant). Il fait monter le bruit de fond sans occasionner de gêne (sauf cas particulier).
D’ailleurs, le fait d’augmenter ainsi le niveau du bruit de fond n’est pas sans effet sur ce qui en émerge. La gêne sonore est, jusqu’à un certain point, causée davantage par la différence qu’il y a entre un bruit particulier et le niveau du bruit de fond environnant (on appelle cela l’émergence acoustique), que par le niveau du bruit particulier en lui-même. Ainsi, si le bruit de fond augmente, l’émergence diminue et devient donc sensiblement moins gênante.
Ceci étant dit, on le voit, l’efficacité d’une haie ou d’une rangée d’arbre est avant tout psychologique, et son effet ne peut donc pas être garanti sur tout un chacun… Par contre, elle peut être associée à une protection physique bien réelle ! Si l’on reprend l’exemple de notre route passante, et qu’on la masque par une grande butte paysagère (une butte de terre suffisamment haute est une des protections les plus efficaces qui soient !) ou par un mur anti-bruit végétalisé, on gagne sur les deux plans !… Pour peu que la butte ou le mur soit judicieusement placé, correctement dimensionné et bien installé.